Aux États-Unis, le prix des médicaments est un sujet qui fait débat, et une révélation récente d’un pharmacien a mis en évidence une situation aberrante : un médicament contre le cancer, qui coûte seulement 7 dollars à l’achat, est facturé 2 400 dollars par ordonnance à Medicare, le programme de santé publique américain. Pourtant, dans une pharmacie locale, les patients peuvent l’obtenir pour 17 dollars. Cette énorme différence de prix interroge sur le fonctionnement du système de santé américain et ses conséquences pour les contribuables.
Qu’est-ce que Medicare ?
Medicare est un programme de santé publique aux États-Unis, destiné principalement aux personnes âgées de 65 ans et plus, ainsi qu’à certaines personnes handicapées. On pourrait le comparer à la Sécurité sociale en France, mais avec des différences importantes. Financé par les impôts des contribuables et les cotisations des bénéficiaires, Medicare couvre une partie des frais médicaux, comme les consultations, les hospitalisations et les médicaments sur ordonnance. Cependant, contrairement à la France, où l’État négocie directement les prix des médicaments avec les laboratoires pharmaceutiques, Medicare passe par des intermédiaires privés pour gérer les remboursements des médicaments. Cette particularité complique le système et peut entraîner des coûts bien plus élevés, comme nous le verrons.
Les intermédiaires qui font grimper les prix : les PBM
Les PBM (ou gestionnaires de prestations pharmaceutiques) sont des entreprises qui jouent un rôle clé dans le système américain. Elles agissent comme des intermédiaires entre les fabricants de médicaments, les pharmacies et les assurances, y compris Medicare. Leur mission officielle est de négocier les prix des médicaments avec les laboratoires et de fixer les taux de remboursement pour les pharmacies. Pour simplifier, imaginez-les comme des grossistes qui achètent en gros et revendent ensuite, mais avec un pouvoir de négociation colossal. Aux États-Unis, trois grandes sociétés contrôlent environ 90 % du marché des ordonnances, ce qui leur donne une influence énorme sur les prix.
En France, ce rôle n’existe pas de la même manière : la Sécurité sociale négocie directement avec les fabricants pour fixer des prix raisonnables et uniformes pour les médicaments remboursés. Aux États-Unis, les PBM ajoutent une couche supplémentaire : ils obtiennent des rabais des laboratoires, mais au lieu de réduire les coûts pour tout le monde, ils revendent souvent les médicaments à des prix beaucoup plus élevés aux assurances ou à Medicare, tout en gardant une partie des bénéfices pour eux.
Une différence de prix aberrante : une analogie pour comprendre
Pour illustrer cette situation, prenons une comparaison avec la France. Imaginons un médicament qui coûte 7 euros à produire. Dans une pharmacie française, avec une petite marge, il pourrait être vendu 17 euros aux patients. Mais si la Sécurité sociale intervenait, imaginez qu’on lui facture 2 400 euros pour ce même médicament ! C’est exactement ce qui se passe aux États-Unis avec Medicare. Selon le pharmacien, Medicare paie 2 400 dollars par ordonnance pour un médicament qui coûte seulement 7 dollars à l’achat, alors que les patients peuvent l’acheter pour 17 dollars dans une pharmacie locale.
Sur une année, avec 250 000 ordonnances remplies, cela représente 600 millions de dollars facturés à Medicare. Si toutes ces ordonnances avaient été achetées localement à 17 dollars, le coût total aurait été de 4,25 millions de dollars. La différence ? Près de 596 millions de dollars ! Cet écart montre à quel point le système peut être inefficace et coûteux.
Qui paie vraiment ?
Cette situation a des conséquences directes sur les contribuables américains, qui financent Medicare via leurs impôts. En France, grâce à une régulation stricte, la Sécurité sociale maintient les prix des médicaments sous contrôle, et les écarts de cette ampleur sont inimaginables. Aux États-Unis, les PBM fixent des prix exorbitants pour Medicare tout en profitant des rabais qu’ils négocient avec les fabricants. Ces rabais devraient, en théorie, réduire les coûts, mais en pratique, une grande partie reste dans les poches des PBM, sans bénéficier ni aux patients ni au programme Medicare. C’est donc le contribuable qui supporte le poids de ces pratiques.
Comparaison avec la France : un système plus transparent
Le système français est très différent. Ici, la Sécurité sociale négocie directement avec les laboratoires pharmaceutiques pour établir des prix fixes et abordables pour les médicaments remboursés. Il n’y a pas d’intermédiaires comme les PBM pour compliquer les choses ou augmenter les coûts. De plus, les pharmacies françaises doivent respecter des marges réglementées, ce qui limite les écarts de prix entre ce que paie la Sécurité sociale et ce que paient les patients. En France, une situation où un médicament passerait de 7 euros à 2 400 euros serait impensable, car le système est conçu pour être plus transparent et équitable.
Vers plus de transparence ?
Cette affaire révèle les failles profondes du système de santé américain, où des intermédiaires comme les PBM peuvent faire exploser les prix des médicaments au détriment des contribuables et des patients. En France, une régulation plus stricte garantit des coûts mieux maîtrisés, même si des améliorations restent possibles. Aux États-Unis, des réformes sont évoquées pour obliger les PBM à être plus transparents sur leurs pratiques et leurs profits, mais leur mise en œuvre prend du temps. En attendant, des pharmaciens courageux, comme celui qui a dénoncé cette situation, continuent d’alerter l’opinion publique, dans l’espoir de rendre le système plus juste.
Le système américain, avec ses intermédiaires puissants et son manque de régulation, contraste fortement avec le modèle français, plus encadré et prévisible.