Ah, la vérification des faits. Où serions-nous sans elle ?
Prenons l’exemple d’une histoire récente qui a fait le tour des réseaux sociaux. Selon ces informations, Oxfam, l’ONG britannique, a découvert qu’une grande partie des dépenses de la Banque mondiale pour les questions liées au changement climatique était « manquante ».
Dieu merci, des vérificateurs de faits comme l’Australian Associated Press (AAP) – un vérificateur de faits accrédité par l’Institut Poynter – nous ont tous remis les pendules à l’heure : « Un rapport d’Oxfam n’a pas constaté que 41 milliards de dollars avaient disparu du fonds de la Banque mondiale consacré au changement climatique, contrairement à ce qui a été affirmé en ligne. »
Quel soulagement ! Le rapport d’Oxfam a plutôt révélé que la Banque mondiale ne sait pas vraiment où est allé l’argent.
Vous voyez ? C’est tout à fait différent !
La controverse porte sur un rapport publié le 20 octobre 2024 et intitulé « Climate Finance Unchecked : Que sait la Banque mondiale des actions climatiques qu’elle revendique ? » Réponse : pas autant qu’elle le devrait.
Les conclusions sont présentées dans un résumé à la page deux du rapport de 33 pages: « Oxfam constate que pour les projets de la Banque mondiale, de nombreux éléments peuvent changer au cours de la mise en œuvre. En moyenne, les dépenses réelles des projets de la Banque diffèrent des montants budgétisés de 26 à 43 %, en plus ou en moins du financement climatique déclaré. Sur l’ensemble du portefeuille de financement climatique, entre 2017 et 2023, cette différence s’élève de 24,28 à 41,32 milliards de dollars américains », indique le rapport.
« Aucune information n’est disponible sur les nouvelles actions climatiques qui ont été soutenues et les actions planifiées qui ont été supprimées. Maintenant que la Banque s’est vantée de vouloir comprendre et rendre compte de l’impact de ses financements climatiques, il est essentiel de souligner que sans une compréhension complète de la part de ce que la Banque déclare comme financement climatique au stade de l’approbation du projet et qui devient une dépense réelle, il est impossible de suivre et de mesurer les impacts des co-bénéfices climatiques de la Banque dans la pratique ».
Le rapport d’Oxfam indique que « les pratiques comptables généreuses des différents pays et fournisseurs, combinées au manque de transparence et de cohérence dans la manière dont le financement climatique est défini, calculé et rapporté, sont à l’origine de la crise de confiance dans le financement climatique ».
Comme l’a souligné le Consortium international des journalistes d’investigation dans un résumé des conclusions d’Oxfam publié en novembre, il s’agit là d’une affaire importante si l’on considère que la Banque mondiale est en train de se transformer, plus ou moins, en caisse d’épargne et de crédit pour le changement climatique mondial.
« Ces dernières années, la Banque mondiale a vanté ses dépenses en matière de financement climatique et ses projets d’expansion spectaculaire », note l’ICIJ.
« Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, a déclaré en décembre que la banque avait atteint son objectif de consacrer 35 % de son financement au climat avec trois ans d’avance et a fixé un nouvel objectif de 45 % d’ici 2025. Cet objectif est en passe d’être atteint ; la banque a annoncé en septembre que ses investissements dans le domaine du financement climatique avaient atteint 44 % du financement total, soit 42,6 milliards de dollars, au cours de l’année fiscale écoulée. Nous mettons notre ambition en surrégime », a déclaré M. Banga.
Le rapport souligne toutefois qu’il existe une énorme différence entre l’ambition de la Banque mondiale et ses processus comptables, et qu’il convient d’y remédier. Mais Oxfam et l’équipe de vérification des faits de l’AAP ont voulu s’assurer que l’ONG « n’alléguait pas une mauvaise gestion des fonds due à la corruption ou au gaspillage ; elle s’inquiétait du processus de reporting de la Banque mondiale pour les écarts entre le financement climatique planifié et réel ».
« Cette distinction est importante », a déclaré un porte-parole d’Oxfam.
« Le rapport d’Oxfam ne suggère pas que des fonds manquent, mais souligne un problème de transparence qui fait qu’il est difficile de savoir précisément ce que la Banque fournit en termes de financement climatique : où vont les fonds et ce qu’ils soutiennent. »
Selon un rapport du Congressional Research Service, les États-Unis contribuent à plus de 16 % du capital total de la Banque mondiale par le biais de leurs engagements financiers et disposent d’un pouvoir de vote important au sein de toutes les organisations de la Banque mondiale qui financent la lutte contre le changement climatique.
Lorsqu’il s’agit de dépenses liées au changement climatique et à l’énergie verte, il y a les bons et les méchants.
Les bons disent qu’il s’agit simplement d’un problème de comptabilité, les mauvais disent que cela signifie qu’au moins 24 milliards de dollars et jusqu’à 41 milliards de dollars de fonds de la Banque mondiale se trouvent quelque part dans la finance mondiale grâce à des variations dans les pratiques comptables que l’on peut charitablement qualifier de curieuses.
Il ne s’agit donc pas d’une disparition « contrairement aux affirmations en ligne ». Ils ne sont tout simplement pas comptabilisés ! À ce stade, qu’est-ce qui constitue la plus grande escroquerie : le financement national ou supranational douteux de projets qui tombent vaguement sous l’égide de la prétendue atténuation du changement climatique, ou la vérification des faits. On peut au moins dire ceci à propos de la vérification des faits : Elle coûte beaucoup moins cher.
Références de l’article
- Charity report did not find World Bank climate change fund was missing $41 billion
- World Bank President Refuses to Answer ‘Gotcha’ Question on Climate Change, Now Biden Admin Is Out to Replace Him: Report
- Climate Finance Unchecked : How much does the World Bank know about the climate actions it claims?
- Oxfam says $41 billion of the World Bank’s climate spending ‘effectively unaccounted for’
- Rapport du Service de recherche du Congrès des États-Unis sur la Banque Mondiale
- Voting Powers: Allocation of Votes by Organization
Pour soutenir le développement de notre média : vous pouvez nous aider financièrement via ce lien ou apporter vos contributions en rejoignant l’équipe en nous contactant via ce lien, des bureaux virtuels avec tous les outils adéquats sont prêts à vous accueillir !