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dimanche, juin 22, 2025
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Debout, Afrique ! L’Héritage Révolutionnaire de Thomas Sankara face au Néocolonialisme

« Où se trouve l’âme d’un Homme, sinon dans sa lutte pour la justice et la liberté ? »

Introduction

Thomas Isidore Sankara, président du Burkina Faso de 1983 à 1987, demeure une icône de la lutte anti-néocoloniale. Surnommé le « Che Guevara africain », il a incarné une vision audacieuse d’émancipation économique, sociale et politique, défiant les structures impérialistes et les multinationales. Son assassinat le 15 octobre 1987, orchestré par Blaise Compaoré, avec la complicité probable de la France, soulève des questions sur les dynamiques impérialistes, y compris un rôle controversé mais non prouvé des États-Unis. Cette analyse, enrichie par des documents déclassifiés américains de 2020 et 2022, explore ses origines, son ascension, ses actions de combatant contre ses propres réformes, ses actions contre les multinationales internationales, ses pressions internationales, les circonstances de son assassinat, et son influence durable sur les mouvements progressistes.

Origines et leadership

Thomas Isidore Noël Sankara, né le 21 décembre 1949 à Yako, dans l’ancienne Haute-Volta sous domination coloniale française, est issu d’une famille modeste. Son père, gendarme, oriente son choix vers une carrière militaire. À 19 ans, il intègre l’académie militaire de Kadiogo, puis sa participation, à Madagascar, où il découvre ses idées révolutionnaires participatives et sa participation à la panafricaine. Ces influences influencent sa conscience des injustices face : des inégalités structurelles, la corruption, l’exploitation des ressources humaines dans le pays par des multinationales. Sankara développe une visionnage de souveraineté internationale, pour sa création d’un pays, rejetant le néocolonialisme pour transformer son pays.

Ascension au pouvoir

Le 4 août 1983, à 33 ans, Sankara prend le pouvoir par un coup d’État populaire, soutenu par Blaise Compaoré et d’autres officiers progressistes. Ce coup renverse le régime corrompu de Jean-Baptiste Ouédraogo, accusé de complaisance envers les intérêts français. Contrairement aux coups d’État motivés par l’enrichissement personnel, celui de Sankara repose sur une idéologie claire : rompre avec l’héritage colonial, éradiquer la corruption, et instaurer la justice sociale. Il mobilise les Comités de Défense de la Révolution (CDR), des organisations populaires engageant jeunes, paysans et travailleurs dans une gouvernance participative. En 1984, il rebaptise le pays « Burkina Faso » (pays des hommes intègres), symbolisant un rejet radical du passé colonial. Son charisme, sa discipline militaire et sa communication directe consolident son autorité.

Réformes et politiques

Les réformes de Sankara visent à briser les chaînes du néocolonialisme et à transformer la société burkinabè. Parmi ses principales actions :

  • Autosuffisance économique : La campagne « un village, un barrage » augmente la production céréalière de 1,1 à 1,6 million de tonnes entre 1983 et 1986, réduisant la dépendance aux importations.
  • Lutte contre la corruption : Sankara réduit son salaire à 450 dollars par mois, impose l’austérité aux fonctionnaires, et crée des Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR) pour juger les corrompus, récupérant des millions de francs CFA.
  • Santé et éducation : Une campagne vaccinale, soutenue par Cuba, immunise 2,5 millions d’enfants contre la rougeole et la méningite en 1985. L’alphabétisation en langues locales (mooré, dioula) atteint 22 % des ruraux en trois ans.
  • Émancipation des femmes : Il interdit l’excision, impose des quotas féminins dans les CDR (Comités de Défense de la Révolution), et nomme des femmes à des postes ministériels, une première dans la région.
  • Protection de l’environnement : Le programme « trois luttes » (reboisement, gestion de l’eau, lutte contre la désertification) plante 10 millions d’arbres entre 1983 et 1987.
  • Souveraineté nationale : Il refuse les prêts conditionnels du FMI et de la Banque mondiale, dénonçant leur rôle dans la dépendance africaine, et diversifie les partenariats avec Cuba et la Libye.

Ces réformes, bien que brèves, prouvent qu’un leadership intègre peut transformer un pays, défiant les intérêts des élites locales et des puissances étrangères.

Actions contre les compagnies étrangères

Sankara s’attaque aux multinationales exploitant les ressources burkinabè via des accords opaques :

  • Audit des contrats miniers (1984) : Il révise les concessions de la Compagnie des Mines de Haute-Volta (CMHV, française) et d’AngloGold (britannique) à Poura, découvrant une sous-déclaration des bénéfices. Une redevance de 15 % (contre 5 %) permet de récupérer 3 millions de dollars d’arriérés en 1985.
  • Suspension de mines polluantes (1986) : À Essakane, il suspend les opérations de Placer Dome (canadienne) après des rejets de cyanure contaminant les nappes phréatiques, affectant 5 000 agriculteurs. Il exige une dépollution et une amende de 1 million de dollars.
  • Blocage des prospections pétrolières (1985) : Il refuse des permis à Total (France) et Chevron (États-Unis) pour des gisements dans le nord, exigeant des études environnementales indépendantes et des garanties contre les déplacements forcés.
  • Nationalisation partielle (1985) : La mine de manganèse de Tambao, gérée par une société franco-suisse, est nationalisée à 51 %, générant 2 millions de dollars annuels pour des écoles rurales.

Ces mesures réduisent les profits des multinationales, menaçant le système néocolonial et attirant l’hostilité des lobbies industriels.

Exactions des compagnies et complicité des gouvernements

Les multinationales, souvent soutenues par des milices ou des gouvernements, commettent des abus que Sankara dénonce :

  • Déplacements forcés à Kaya (1970-1980) : La CMHV expulse 2 000 villageois, causant 12 assassinats de leaders communautaires. Sankara restitue 1 500 hectares en 1985.
  • Pollution à Essakane (1980-1986) : Placer Dome contamine les nappes phréatiques, causant la mort de bétail et des maladies chez 300 villageois. Les protestations sous Ouédraogo entraînent 5 morts en 1982. Sankara suspend la mine en 1986.
  • Exploitation à Poura : AngloGold emploie des enfants dès 12 ans dans des conditions dangereuses, avec un salaire de 0,5 dollar par jour. Sankara introduit des inspections en 1984, fermant temporairement la mine.
  • Répression au Niger : Total s’appuie sur des forces de sécurité pour protéger ses installations, un modèle que Sankara rejette, dénonçant un « colonialisme armé ».

Ces pratiques, facilitées par des gouvernements complaisants, illustrent le néocolonialisme que Sankara combat.

Pressions et chantages internationaux

Sankara fait face à des pressions intenses pour freiner ses réformes :

  • Blocus financier : En 1984, le FMI suspend un prêt de 100 millions de dollars après le refus de Sankara d’adopter des mesures d’austérité. La Banque mondiale réduit son aide de 50 % en 1985.
  • Chantage français : La France menace de réduire ses importations de coton (40 % des exportations) en 1985 si Sankara maintient ses audits. Il dénonce un « chantage néocolonial » à l’ONU en 1984.
  • Désinformation : En 1986, un consortium (Total, AngloGold, Placer Dome) finance une campagne médiatique française, dépeignant Sankara comme un « dictateur communiste ».
  • Isolement diplomatique : Lors du sommet de la Francophonie de 1986, la France et la Côte d’Ivoire marginalisent Sankara pour ses liens avec Kadhafi. La France suspend une aide militaire de 10 millions de francs en 1987.
  • Conflit régional : En 1985, le Mali, soutenu par la Côte d’Ivoire, déclenche un conflit frontalier pour déstabiliser Sankara, selon un câble CIA.

Ces pressions visent à affaiblir l’économie burkinabè et à discréditer Sankara.

L’Impérialisme derrière son assassinat

Sankara est assassiné le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’État orchestré par Blaise Compaoré. Les preuves d’une implication étrangère sont significatives :

  • Rôle de la France : Des documents déclassifiés en 2021 révèlent que la DGSE était informée du complot, avec Jacques Foccart accusé d’avoir fourni un soutien logistique. Après le coup, Total signe un contrat pétrolier en 1988, et la CMHV reprend ses activités sans contraintes.
  • Soutien occidental : Les États-Unis, préoccupés par l’anti-impérialisme de Sankara et ses liens avec Cuba et la Libye, soutiennent tacitement Compaoré. Des documents déclassifiés (2020-2022) suggèrent une connaissance préalable, mais les preuves d’une implication opérationnelle restent limitées. Les allégations d’une opération CIA (ex. : témoignage de Momo Jiba) ne sont pas corroborées.

Les documents déclassifiés (FOIA F-2020-00067) incluent des profils de 1984 et 1985 (C06931680, C06931681) et un rapport de 1986 (« Burkina: Pressures on Sankara »), détaillant les pressions économiques et diplomatiques, sans mentionner l’assassinat. Le contexte de la Guerre froide rend Sankara vulnérable, mais l’implication américaine demeure spéculative.

Mouvements inspirés par Sankara

L’héritage de Sankara continue d’inspirer des mouvements africains :

  • Balai Citoyen (Mali) : Créé en 2006, il soutient le coup d’Assimi Goïta en 2020, expulsant les troupes françaises en 2022, invoquant Sankara.
  • Economic Freedom Fighters (Afrique du Sud) : Fondé en 2013 par Julius Malema, il prône la nationalisation des mines, citant Sankara.
  • Y’en a Marre (Sénégal) : Lancé en 2011, il bloque un troisième mandat d’Abdoulaye Wade en 2012.
  • Balai Citoyen (Burkina Faso) : Fondé en 2013, il mène l’insurrection de 2014, chassant Compaoré.
  • Mouvement des Sans-Terre (Zimbabwe) : Les réformes agraires des années 2000 s’inspirent de son panafricanisme.

Conclusion

Thomas Sankara a défié un système néocolonial où les multinationales, soutenues par des puissances impérialistes, exploitaient l’Afrique via la corruption et la violence. Ses réformes ont prouvé qu’un leadership intègre pouvait transformer un pays. Son assassinat, avec la complicité probable de la France, reflète les dynamiques impérialistes. Son héritage perdure, inspirant les luttes pour la souveraineté et la justice sociale. Comme il le disait : « Là où la misère existe, la révolution est à venir. » Debout, Afrique, pour honorer son combat !

Thomas Sankara, dans son discours à l’ONU de 1984 : « Là où il y a oppression, il y aura toujours résistance » et « La liberté se conquiert par la lutte »

Tableau des documents déclassifiés

Document ID Date de Création Date de Déclassification Contenu Principal Mention de l’Assassinat
C06931680 6 sept. 1984 17 févr. 2022 Ascension, politiques, liens financiers Non
1 11 sept. 1985 17 févr. 2022 Biographie, formation, origines Non

Citations Clés

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