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mercredi, avril 30, 2025
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Amazon lance ses satellites Kuiper : un internet mondial qui pose question

Le 28 avril 2025, Amazon a fait un grand pas dans la conquête de l’internet par satellite en envoyant ses 27 premiers satellites pour son projet Kuiper. Propulsés par une fusée depuis la Floride, ces engins orbitent désormais autour de la Terre, prêts à former une constellation de 3 236 satellites. L’objectif ? Offrir une connexion internet rapide et abordable, même dans les zones les plus isolées. Une idée séduisante, mais qui cache des risques pour l’environnement et la concurrence. Alors, Project Kuiper est-il une chance pour tous ou un projet à surveiller ?

Une ambition énorme face à un géant

Avec Project Kuiper, Amazon se lance dans une course spatiale dominée par Starlink, le projet de SpaceX. Starlink, c’est plus de 7 000 satellites en orbite et 5 millions d’utilisateurs dans le monde, des campagnes australiennes aux avions de ligne. Amazon, lui, démarre avec du retard : ses premiers satellites arrivent six ans après ceux de son rival. Mais le géant du commerce en ligne a des atouts. Avec ses milliards d’euros investis (10 milliards au total) et son expertise dans le cloud, Amazon veut proposer des connexions rapides à des prix accessibles, avec des antennes à moins de 400 euros.

Le défi est colossal. Amazon doit mettre en orbite 1 618 satellites d’ici juillet 2026 pour respecter les règles américaines. Problème : l’entreprise a du mal à fabriquer ses satellites assez vite, avec seulement quelques dizaines de prêts à ce jour. Et contrairement à SpaceX, qui construit ses propres fusées, Amazon doit compter sur d’autres sociétés pour les lancements, y compris… SpaceX ! Une situation qui montre à quel point ce projet est complexe.

Connecter le monde, mais à quel coût ?

L’idée d’un internet accessible partout est séduisante. En France, où certaines campagnes souffrent de connexions lentes, un service comme Kuiper pourrait changer la vie. Amazon promet des débits élevés pour le télétravail, les cours en ligne ou les séries en streaming. Mais cet internet par satellite a un prix : les abonnements de Starlink coûtent entre 80 et 120 euros par mois, et Kuiper devrait être dans le même ordre. Pour beaucoup, la fibre optique, moins chère et déjà disponible en ville, restera plus attractive.

Surtout, connecter les zones isolées ne résout pas tout. Ces régions représentent une petite part des utilisateurs d’internet. Pendant ce temps, des solutions comme la fibre ou la 5G progressent rapidement. On peut se demander si dépenser des milliards dans l’espace est le meilleur moyen d’améliorer l’accès à internet, notamment dans les pays moins développés où les infrastructures manquent.

Des risques pour l’environnement spatial

L’innovation de Kuiper impressionne, mais elle inquiète aussi. Avec 11 000 satellites déjà en orbite basse (contre 2 000 en 2019), l’espace ressemble à une autoroute bondée. Chaque nouveau satellite augmente le risque de collisions, qui pourraient créer une cascade de débris. Ce scénario, appelé « syndrome de Kessler », rendrait l’orbite inutilisable pour d’autres missions. Amazon affirme que ses satellites, placés entre 590 et 630 km d’altitude, sont conçus pour redescendre naturellement en fin de vie. Ils sont aussi équipés de films spéciaux pour être moins brillants et gêner moins les astronomes, un problème causé par les premiers satellites Starlink.

Mais est-ce suffisant ? Avec Amazon, SpaceX, et d’autres acteurs comme la Chine ou Eutelsat, qui ajoutent des milliers de satellites, l’espace devient un casse-tête. Les débris spatiaux menacent déjà les missions scientifiques et commerciales. Sur Terre, les astronomes, y compris les amateurs en France, se plaignent : les satellites laissent des traînées lumineuses qui compliquent l’observation des étoiles ou la détection d’astéroïdes. Ce « ciel encombré » pourrait changer notre rapport à l’espace.

Un danger pour la concurrence ?

Au-delà de l’environnement, Project Kuiper soulève une autre question : celle des géants qui dominent tout. Amazon, déjà roi du commerce en ligne et du cloud, veut s’imposer dans les télécommunications. Grâce à son infrastructure et à des partenariats avec des opérateurs comme Vodafone, Kuiper pourrait écraser les plus petits acteurs. En France, où Orange, Free ou SFR tiennent le marché, l’arrivée d’Amazon pourrait tout bousculer. Le risque ? Que quelques entreprises, menées par des milliardaires comme Jeff Bezos ou Elon Musk, contrôlent l’accès à l’internet mondial.

Cette concentration pose aussi des questions géopolitiques. Si Amazon ou SpaceX deviennent les principaux fournisseurs d’internet dans des pays en développement, ils pourraient influencer la gestion des données. De son côté, la Chine, avec son projet SpaceSail, fait craindre des risques de censure ou de surveillance. En France, où la protection des données et la souveraineté numérique sont des sujets brûlants, ces enjeux résonnent particulièrement.

Quel avenir pour Kuiper ?

Project Kuiper est une prouesse technologique et une opportunité pour connecter les zones oubliées. Mais ses zones d’ombre sont réelles : un impact environnemental préoccupant et un risque de domination par quelques géants. Pour que cette innovation profite à tous, il faudra des règles strictes, pour gérer l’espace et préserver la concurrence. En France et en Europe, les autorités devront s’assurer que l’internet par satellite ne devienne pas un monopole venu du ciel.

Alors, prêts à surfer grâce aux satellites ? Peut-être, mais gardons les yeux ouverts sur les étoiles… et sur ceux qui les envahissent.

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